Rétablir l’ordre, c’est briser des liens

D’après ce que j’entends, les gens veulent de l’ordre. Mais personne n’explique ce que c’est.

L’ordre, c’est une chaîne. Une chaîne tendue qu’on parcourt en ligne droite. Tandis que le désordre, c’est la même chaîne, mais détendue. Un collier qui s’entortille dans sa boîte.

Rétablir l’ordre, ce n’est rien d’autre que de tirer sur le collier pour que les maillons s’alignent bien gentiment les uns derrière les autres au lieu de former tout un tas de boucles qui s’entremêlent.

Et bien sûr, ça ne marche pas. On se retrouve avec une boule, avec un sac de nœuds qu’on ne fait que serrer de plus en plus fort. Ce n’est pas comme ça qu’on fait pour récupérer un collier, la chaîne pète à un moment donné.

Si on veut récupérer le collier, il faut chercher à comprendre pourquoi il s’entortille. Et c’est à cause des maillons. Ils peuvent se lier physiquement en passant l’un dans l’autre, c’est le seul lien qu’ils ont entre eux lorsque la chaîne est tendue, mais aussi sans avoir à passer l’un dans l’autre. Ils peuvent aussi se coller l’un à l’autre comme des aimants.

Quand la chaîne n’est pas tendue, un deuxième type de liens apparaît. Rétablir l’ordre consiste dès lors à briser ces liens qui n’existent pas lorsque la chaîne est tendue.

Et on se demande si c’est une bonne idée. S’il ne vaudrait pas mieux comprendre à quoi sert ce deuxième type de lien avant de les briser.

La délicatesse est indispensable à la conscience

Les mots sont des suites de lettres qui se suivent dans un certain ordre. Mais l’ordre n’a pas une aussi grande importance que ça. On peut trouver facilement des textes parfaitement compréhensibles alors que les lettres ne sont pas dans le bon ordre qui en font la démonstration sur internet.

Les lettres n’ont pas besoin d’être dans le bon ordre pour que l’information passe, il suffit qu’elles soient toutes collées ensemble. Comme si le lettres d’un mot se trouvaient rassemblés en boule et qu’il suffise de tirer sur deux d’entre elles pour qu’elles s’alignent alors l’une derrière l’autre.

On voit ce que ça peut donner quand on imagine que chaque lettre est une bulle de savon. Sans ordre, on retrouve le mot sous forme de mousse de lettres, de trèfle. On en attrape deux, et on tire. La mousse finit par former une ligne de bulles où chaque bulle a au maximum deux points de contact avec les autre bulles, avec celle de devant et celle de derrière, un seul pour celles en bout de chaîne.

Si on répète l’opération, on constate que les bulles ne se mettent pas toujours dans le même ordre bien qu’on obtienne toujours la même ligne. Et l’information reste accessible. La condition pour que l’information soit accessible est que les bulles soient alignées. Elle ne l’est pas quand les bulles sont collées en trèfle, qu’elles forment de la mousse.

L’information existe sous ses deux formes. Mais l’une d’entre elles, la mousse, n’est pas accessible à notre conscience. Pour accéder à la conscience, les bulles de la mousse doivent être alignées les unes derrière les autres. La conscience, ce n’est rien d’autre que la capacité de notre cerveau d’attraper deux bulles dans une mousse d’informations et de tirer dessus délicatement pour que toutes s’alignent. Autant le faire bien.

Une question d’ordre

Le matin, je commence par une balade dans mon monde intérieur, et ce n’est qu’après que je me tourne vers le monde extérieur, que je sors faire un tour au jardin, pour voir si les deux sont organisés de la même façon. Je reviens ensuite à mon monde intérieur que je modifie si nécessaire pour que les deux correspondent le mieux possible.

Je fais toujours les choses dans cet ordre. Du moins, j’essaye. Je suis pour l’ordre. C’est une découverte pour moi. Jamais je n’aurais pensé dire ça un jour. Je déteste l’ordre, la hiérarchie. Je suis anarchiste, bordel !

Voilà donc ce que je veux dire par là. Le monde extérieur est ma référence. Ce n’est pas à lui de s’adapter à mon monde intérieur, mais à moi d’adapter mon monde intérieur au monde extérieur. C’est le bon sens, personne ne peut me dire le contraire.

La question de l’ordre est à présent réglée pour moi. Je ne respecte que celui-là.

Le sens de la politique

Après l’âme et la foi, un autre sujet qui fâche, la politique. C’est ce qui m’est venu ensuite sans que je ne comprenne pourquoi, comme toujours.Mais en y réfléchissant, la politique, ce n’est rien d’autre que l’application du système qui émerge une fois qu’on a établi ces deux principes.

La notion d’âme permet de rediriger les informations qui concernent l’objet auquel on l’attribue vers la partie de notre cerveau en charge de notre corps à laquelle notre conscience n’a pas accès, le cervelet, au lieu de les traiter par celle dans laquelle notre conscience est confinée que nous identifions à notre tête comme si c’était notre cerveau tout entier. Et la foi, c’est le programme de la tête, un principe physique de base en ce qui me concerne, les systèmes tendent vers le niveau d’énergie le plus bas.

Quand on applique, on obtient la politique. Dans le cervelet, la partie du cerveau qui fait des millions de choses en même temps pour faire fonctionner notre corps, c’est le bordel, le désordre, l’anarchie.

La raison est simple, pour faire toutes ces choses en même temps, l’espace mathématique du cervelet est différent de celui où se trouve notre conscience qui ne peut en faire qu’une à la fois, les notions de temps et d’espace n’en font pas partie, ces informations sont absentes dans cette partie là du cerveau. Ça n’a pas de sens, de direction. Il n’y a pas d’ordre possible dans le cervelet.

Pour la tête, c’est n’importe quoi, ça ne peut donner aucun résultat. Parce que les notions de temps et d’espace sont indispensables à son fonctionnement. Quand on interroge notre cervelet, qu’on lui laisse faire les calculs, on obtient qu’un résultat. Mais on n’a aucune idée de comment y parvenir. On ne sait pas par quoi commencer, ni aucune idée des étapes à franchir pour y arriver, on n’a que le résultat final.

La politique, c’est comment on l’obtient. Par où on commence, dans quelle direction on va. Toujours vers le niveau d’énergie le plus bas, vers l’état stable. Je suis convaincu que la politique doit aller dans ce sens là.

L’eau est à la planète ce que les émotions sont au cerveau

L’eau est à la planète ce que les émotions sont au cerveau. Elles sont responsables de la diversité des paysages qu’on y trouve et elles sont indispensables à la vie. Et comme pour l’eau, nous ne nous rendons pas compte qu’elles occupent la grande majorité du territoire que nous habitons.

À notre naissance, il n’y a même que ça dans notre cerveau, des émotions. La raison émerge plus tard, comme un volcan sous-marin qui surgit des profondeurs pour atteindre enfin la surface de l’océan après avoir grandi discrètement à l’abri des regards.

Et nous, nous n’habitons que cette partie de notre planète mentale. La partie solide, la raison. Nous sommes des animaux terrestres, des animaux raisonnables. Mais qui dit raisonnable, dit aussi con. Cette raison divise alors notre planète mentale en deux. La partie habitable, la raison, les continents, et la partie inhabitable, les océans, et elle les considère comme isolés l’un de l’autre. C’est la base de la science, isoler les objets les uns des autres pour pouvoir étudier leur fonctionnement.

Et une fois que notre cerveau a établi la frontière entre ces deux milieux, il la considère comme infranchissable. Soit c’est liquide, soit c’est solide, ça ne peut pas être les deux en même temps pour la raison. Elle est étonnée quand elle constate que ce n’est pas vrai, qu’elle rencontre des sables mouvants, des fluides non-newtoniens, qui se comportent comme un solide lorsqu’on tape violemment dessus, mais comme un liquide dans lequel on s’enfonce lorsqu’on pose doucement le pied dessus. La raison est surprise de voir que la frontière n’est pas aussi nette qu’elle le croyait, qu’on peut la traverser.

C’est la même chose pour celle qu’elle met entre la raison et les émotions. Pour notre raison, la raison c’est la terre et les émotions, c’est l’océan. Et le frontière entre les deux est infranchissable, tout comme celle entre liquide et solide. Pour lui expliquer qu’elle ne l’est pas, il n’y a pas mieux que l’eau sur Terre.

Reprenons au début, à la naissance. Il n’y a que de l’eau, des émotions, sur notre planète mentale quand vers 3 ans un volcan, la conscience émerge à la surface, pour devenir habitable vers 6 ans, à l’âge de raison. Quand le volcan sort de l’océan, nous considérons alors la partie émergée comme isolée de l’eau pour établir la frontière nette dont la raison a besoin pour fonctionner, mais c’est faux.

On oublie la pluie. Que dès que le volcan dépasse la surface de l’océan, il pleut dessus. Et la pluie, c’est de l’eau. Un nuage, c’est un peu d’océan qui se balade dans le ciel. Et quand il retombe sur la terre ferme, il creuse le sol. L’eau forme des rivières, des fleuves. Autant de frontières pour la raison pour qui l’eau est un milieu hostile qu’il croit infranchissables. Ce sont le rivières et les fleuves d’émotion qui divisent la raison, qui établissent des frontières infranchissables entre les territoires.

« L’océan », ça n’existe que pour la raison. C’est un mot, un concept, il désigne l’élément liquide, mais il est établi sur la partie solide de notre planète mentale. Le mot « océan » a bien des frontières qui le sépare clairement des autres mots, comme cacahuète, par exemple. S’il y a une différence, c’est qu’il y a une frontière, et une frontière, ça ne peut être que terrestre, une rivière, un fleuve, une montagne.

« L’océan », c’est du solide, le concept ne peut s’établir que sur un morceau de terre émergée, il n’y a qu’elle qui peut être divisée. Le mot « océan » est tout aussi solide que le mot « terre » pour la raison. Le mot « océan » est un continent, séparé par une frontière d’un autre continent, le mot « terre ».

Et quand on regarde ce qui les sépare, on s’aperçoit que ce n’est rien d’autre qu’une émotion. Habitable d’un côté, sur terre. Inhabitable de l’autre, dans l’eau. En sécurité d’un côté, en danger de l’autre. La frontière, c’est la peur. On a peur de l’eau. On a peur de nos émotions. Et on ne se risque à les traverser qu’en dernier recours, si on ne peut pas faire autrement. On reste sur terre autant qu’on peut, on ne se risque sur l’eau que si on y est contraint. On explore toujours la rive sur laquelle on est avant d’essayer de traverser.

Voilà à quoi servent ces rivières et ces fleuves d’émotion. À nous forcer à explorer de fond en comble le petit morceau de terre isolé par les cours d’eau qui l’entourent avant d’essayer de les traverser et d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Ce n’est que pour établir un ordre. Toujours explorer la terre ferme pour trouver des ressources avant d’essayer de traverser l’eau, n’y penser que quand elles viennent à s’épuiser.

La théorie est moins effrayante quand on fait corps avec elle

La différence de structure entre les langues, comme l’allemand qui place le verbe à la fin de la phrase et le français qui l’introduit dès le début, devrait enfin pouvoir me permettre d’expliquer le problème auquel le recours obligatoire au découpage du réel nécessaire à l’élaboration du langage nous a conduit.

Pour communiquer par le langage oral, il faut utiliser des mots. Un mot pour chaque chose. Prenons l’exemple d’une photo où il y a plein d’objets. Quand on la regarde, on les voit tous en même temps. Mais si on veut dire à quelqu’un ce qu’on voit, on ne peut pas dire d’un coup tout ce que l’image contient. Il faut commencer par un objet, puis passer à l’autre, et ainsi de suite, construire l’image dans la tête de l’autre étape par étape.

Et il n’y a aucune raison de commencer par un objet en particulier, mais on n’a pas le choix, il faut bien introduire un ordre. Mais selon l’ordre où on les met, l’information passe plus ou moins rapidement. Dans mon exemple, il y a n’importe quoi sur la photo, un parapluie, un livre, des légumes, une grenouille, etc. Mais dans la réalité, ce sont souvent les mêmes objets qui se retrouvent ensemble.

Autre exemple. Si je vous dis que je vois une table sur laquelle se trouve un couteau, un verre, du beurre et du pain pour commencer, vous en déduirez sûrement qu’il s’agit d’un repas, mais si je commence par dire qu’il y a un bol et de la confiture, vous en déduirez plus vite que ce repas est le petit déjeuner. La seconde version contient plus d’informations que le première, il n’y a pas besoin de passer d’abord par la notion de repas en général avant de préciser duquel il s’agit comme la logique aurait tendance à nous le laisser croire, les deux vont de pair. Ça permet de gagner du temps, d’économiser de l’énergie.

Mais si c’est un bol de soupe et de la confiture de cerises pour aller avec le fromage, on est allé à la conclusion trop vite. La sagesse préconiserait donc d’attendre la fin avant de décider pour être sûr de ne pas se tromper. C’est ce que fait l’allemand avec son verbe qui n’arrive jamais. Il nous enjoint de ne pas décider, de ne pas exécuter le programme avant la fin de la transmission des informations.

Il tient compte de ce que le découpage auquel le langage oral oblige ne correspond pas au mode de fonctionnement du système auquel elles sont destinées pour qui l’ordre n’a aucune importance pour la simple et bonne raison que le temps ne s’y écoule pas.

Et c’est là que j’ai moi un problème. Ce que je viens de raconter est très théorique, très typique du mode de traitement de l’information par la partie de notre cerveau chargée du langage. Mais mon cerveau fait une association avec une sensation corporelle qui contient beaucoup plus d’informations. Il ressent la différence entre l’espace où le temps ne s’écoule pas et celui où il passe comme nous en avons l’habitude, comme celle qu’il y a entre quelque chose de solide, de rigide, et quelque chose de souple, élastique. De l’os d’un côté, de l’autre, du muscle.

La partie de notre cerveau qui s’occupe du langage oral, celle où le temps s’écoule, c’est le muscle qui transmet l’énergie comme il se contracte, qui progresse le long d’un fil électrique, et l’autre, celle qui traite les informations corporelles d’où le temps est absent c’est l’os, qui transmet l’énergie immédiatement d’un bout à l’autre de la chaîne, comme l’énergie qu’on met à un bout d’un bâton arrive sans délai à la pierre qu’on veut retourner parce qu’on pense qu’il y a une bête en dessous.

Dans le premier cas, l’énergie met du temps à parcourir le chemin d’un bout à l’autre, pas dans le second. Le temps est une notion qui n’existe pas pour l’os, la transmission est instantanée.

Et je vais m’arrêter là en bon français, car c’est de cette idée qu’il faut s’imprégner pour ne pas être effrayé par la théorie. On la comprend mieux quand on utilise son corps que sa tête comme support.