D’un autre temps

Je ne suis pas de ce temps, je suis d’un autre. Je ne suis pas le seul a avoir cette impression là, d’autres l’ont eue avant moi. Je suis incapable de dire de quel temps je suis. Je ne me sens ni du passé, ni du futur, mais d’un autre temps.

Maintenant que j’ai dit, vous devez vous demander duquel. Tout comme moi. De quel temps puis-je bien être si je ne suis ni du passé, ni du futur ? D’un temps où le passé et le futur n’ont pas de sens. Où il n’y a pas de différence entre le temps passé et le temps futur, mais seulement le temps, tout le temps.

Il ne reste que le présent. Le temps où il n’y a ni passé, ni futur, c’est le présent. Celui qui est coincé entre les deux. Un tout petit point sur la ligne. Un point au lieu d’une ligne. Voilà mon temps. C’est le temps. Le temps point au lieu du temps ligne.

L’autre temps, c’est le temps point. Un temps immobile, qui ne s’écoule pas sur une ligne.

Un cerveau normal doit disjoncter

Avec les données contradictoires que je lui ai donné hier, un cerveau doit normalement disjoncter. On a envie d’être chef, mais être chef rend mécaniquement con, et on n’a pas envie de devenir con. On a une boucle que le cerveau se met à parcourir à toute vitesse sans pouvoir en sortir, il entre en résonance, jusqu’à la rupture, à la surcharge qui l’oblige à couper le jus pour qu’il s’arrête.

Pour qu’il redémarre à zéro. Sur la base des ces informations contradictoires et qu’il trouve tout seul comment garder l’équilibre. La solution vient du mouvement.

Quand le cerveau comprend qu’il devient incapable d’imiter les autres, d’apprendre, lorsqu’il se retrouve en position de chef, il n’a plus du tout envie de le devenir. Tout simplement parce qu’il veut bien faire son travail et que c’est impossible s’il ne peut pas apprendre. Comme tous les cerveaux sont les mêmes, il en conclut que plus personne ne voudra devenir chef.

Mais il aperçoit tout de suite qu’un chef est indispensable dans certaines circonstances. Pour se coordonner avec les autres. Sans chef, il ne pourrait plus se synchroniser avec les autres, il devrait tout faire tout seul, jouer de tous les instruments de l’orchestre à la fois. Pour que la musique ressemble à quelque chose avec des gens qui jouent chacun d’un instrument différent, il faut que quelqu’un donne le rythme et le top départ. C’est le chef.

Rien qui ne nuise à son bon fonctionnement là-dedans. C’est ponctuel. L’incapacité d’apprendre qu’entraîne la position ne dure pas. À cette condition, ça devient acceptable. Le bénéfice du travail collectif dépasse largement le risque qu’il y a à être con pendant un court instant. Il faut s’autoriser à être un peu con pour pouvoir travailler collectivement, sinon, c’est impossible.

Il ne faut simplement pas que ça dure. Le risque s’inverse avec le temps. Tout le temps passé à être chef est un temps où on n’apprend pas. Plus il est long, plus on est aux fraises. Plus on diverge des autres qui eux continuent d’apprendre. C’est simple comme bonjour.

Avec ces éléments, le cerveau ne peut que conclure qu’il veut bien être chef pour que le travail collectif dont il bénéficie puisse se mettre en place, mais que ça doit durer le moins de temps possible pour qu’il puisse continuer d’apprendre, qu’il ne diverge pas trop.

Et le voilà reparti sur de bonnes bases, qu’il retrouve son équilibre. Donc, il applique.

Passage en caisse

La facilité avec laquelle j’ai trouvé la direction que je pourrais prendre après avoir effectué mon saut créatif de la serviette, du tissus de l’espace-temps qui pourrait avoir deux faces aux propriétés différentes comme les serviettes, est assez déconcertante. Je ne me suis rendu compte que j’avais besoin de savoir où j’irai après qu’une fois que je m’étais déjà lancé, trop tard pour renoncer. Je pensais donc que j’allais me fracasser au sol à l’atterrissage.

Je ne sais pas bien sauter, je n’aime pas ça. Je ne sais pas où regarder, j’ai beau avoir les yeux ouverts, je suis comme aveugle quand je saute. Mon saut créatif m’a mis dans la même situation, mais contrairement à ce qui se passe quand je saute avec mon corps, j’ai pu différer mon atterrissage, le remettre au lendemain au lieu qu’il n’arrive dans la foulée. J’ai arrêté le temps.

Sans savoir pour combien de temps. Je pensais qu’il me faudrait peut être longtemps pour trouver où mon regard devait se porter. Mais il a suffi que je sois un peu attentif à mon environnement pour que le point de repère dont j’avais besoin me saute aux yeux. Dans la matinée, un like donné à un ancien article qui portait sur la civilisation française qui est bâtie sur sa langue depuis la première guerre mondiale quand les soldats de toutes les régions ont dû l’utiliser pour pouvoir communiquer, et le soir Xavier Mauduit qui parle des règles d’orthographe et de grammaire qui n’ont été fixées qu’assez récemment et qui n’avaient pas autant d’importance auparavant.

Mon saut créatif se situe dans le domaine des maths, je pouvais donc me tromper et repartir sur la langue pour éviter un arrêt brutal facteur de blessure, de risque de fracture du squelette mental. Si je ne sais pas faire des maths, il me reste la langue. Sûr de ne pas me faire mal, j’ai donc pu parler de la structure du tissus de l’espace-temps qui pourrait avoir deux faces aux propriétés différentes dès le lendemain.

Mais ça ne me disait toujours pas si ce sont de bonnes maths ou si c’est n’importe quoi. Je ne sais pas si je sais faire des maths ou pas. Il faudrait que quelqu’un me dise si ce que je raconte à propos de l’espace-temps en sont ou pas. Ce problème là restait, sans que je n’ai aucun moyen pour le résoudre autre que les bouteilles à la mer que j’ai lancé en direction des lauréats du prix Nobel de physique ou de la médaille Fields.

Mais après avoir publié l’article, je suis allé acheter du lait au supermarché. Et j’ai trouvé de l’eau. J’utilise l’eau d’une certaine source qui contient très peu de minéraux pour faire le café. Mais je n’en trouvais plus depuis des semaines, il n’y avait plus que d’autres sources sous la marque qui la distribue. Et là, miracle, la source que je voulais.

Là aussi, il n’y en avait pas beaucoup, j’ai pris tout ce qu’il y avait. 4 packs et 5 bouteilles. J’arrive donc à la caisse où je donne une bouteille en disant à la caissière qu’il y en a 5, puis je lui tend l’étiquette détachable des packs en lui disant qu’il y en a 4. Et je sors un billet de 20 euros en pensant que ça devrait le faire avec mes deux bouteilles de lait en plus.

Mais elle m’annonce 33 euros et des brouettes. Je suis un peu étonné, mais comme elle n’a pas l’air d’être choquée par la somme, j’échange le billet de 20 que je lui avais déjà donné contre un de 50. Comme je doute de mes compétences en maths, ça ne m’a pas plus dérangé que ça de m’être trompé. Ce n’est qu’une fois arrivé chez moi que j’ai cherché à comprendre où je m’étais planté, pourquoi j’avais autant sous estimé le montant de la facture.

Et c’est là que j’ai vu sur le ticket de caisse, qu’il faut à présent demander pour qu’on vous le donne, qu’elle m’avait facturé 20 packs. Et c’est là que j’ai compris qu’au lieu de faire 5 fois une bouteille et 4 fois un pack, elle avait fait 5 fois 4 packs. J’y suis donc retourné et je lui ai expliqué son erreur. Elle s’est confondue en excuse et a commencé à calculer le montant que j’aurais dû payer, 6,67 euros.

Elle me donne cette somme. Ça me paraît peu, 33 moins 7, c’est toujours plus que les 20 euros qui auraient dû suffire d’après moi. Mais je suis nul en maths et je ne voulais pas faire attendre encore plus les autres clients le temps de comprendre le problème, ce qui peut être long. Je suis donc parti en la remerciant. Mais je n’avais pas fait 100 mètres en voiture que j’ai compris, qu’elle m’avait remboursé la somme que j’aurais dû payer au lieu de la différence avec celle qu’elle m’avait facturée.

J’ai fait demi tour avec mon explication qu’elle a immédiatement trouvée évidente. Elle m’a encore fait plus d’excuses que j’ai accepté de bon cœur en lui disant que ce n’était pas de sa faute, mais de celles des maths qui sont très chiantes et que je n’avais pas fait beaucoup mieux qu’elle.

Et c’est grâce à ça que j’ai compris que je ne suis pas nul en maths, mais en calcul. Je sais faire les maths, reconnaître la formule mathématique qui s’applique, mais je rame comme un galérien dès qu’il s’agit d’effectuer le calcul dont le résultat n’a pas vraiment d’intérêt pour moi une fois que j’ai capté le principe.

Du coup, je suis moins pessimiste. Peut être que mon histoire d’espace-temps tissé comme une serviette qui a deux côtés aux propriétés différentes correspond vraiment à des maths. Et je n’ai pas eu besoin de l’avis d’un prix Nobel pour me convaincre que je ne suis pas si nul que ça en maths, celui d’une caissière de supermarché qui a commis des erreurs que j’ai su expliquer est tout aussi probant.

Un modèle différent

C’est facile de dire qu’il ne manque qu’un modèle pour que la majorité n’ait plus à choisir entre les incarnations difformes de sa pensée que proposent les partis politiques, Mais c’est une autre paire de manches que d’en inventer un. Voilà le piège qui permet de forcer le choix. Tu as raison dans le fond, mais tu n’as rien d’autre à proposer, alors choisit quand même.

En fait, ça ne se passe pas comme ça. La partie invention est un non-dit. On vous fait deux propositions merdiques entre lesquelles on ne veut pas choisir, et on vous demande si vous avez autre chose à proposer tout de suite après. Il faut immédiatement avoir un modèle de substitution, alors qu’en construire un qui n’existe pas encore est un entreprise qui demande énormément de travail, donc de temps.

C’est le coup de l’urgence. Il faut prendre la décision en urgence. On n’a pas le temps de réfléchir à une autre solution, de construire un modèle qui même à une autre décision. Mais j’ai utilisé le verbe inventer, pas un autre. Il a la particularité de renverser la vapeur. Il ne place pas le modèle qu’on cherche dans le futur, mais dans le passé. Il ne dit pas que le modèle qui permettra de prendre une meilleure décision existera dans l’avenir, mais qu’il existe dans le passé et qu’il ne reste plus qu’à le découvrir dans le présent.

Comme un trésor. La personne qui découvre un trésor en est juridiquement l’inventeur, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois dans le passé. Inventer, c’est la fortune du jour au lendemain. Ça ne demande pas le temps qu’il a fallu pour accumuler les richesses, pour construire le trésor qu’on a déterré.

Rien qu’avec ça, on a déjà un modèle de pensée différent de ceux qui nous sont proposés.

Le sens de la politique

Après l’âme et la foi, un autre sujet qui fâche, la politique. C’est ce qui m’est venu ensuite sans que je ne comprenne pourquoi, comme toujours.Mais en y réfléchissant, la politique, ce n’est rien d’autre que l’application du système qui émerge une fois qu’on a établi ces deux principes.

La notion d’âme permet de rediriger les informations qui concernent l’objet auquel on l’attribue vers la partie de notre cerveau en charge de notre corps à laquelle notre conscience n’a pas accès, le cervelet, au lieu de les traiter par celle dans laquelle notre conscience est confinée que nous identifions à notre tête comme si c’était notre cerveau tout entier. Et la foi, c’est le programme de la tête, un principe physique de base en ce qui me concerne, les systèmes tendent vers le niveau d’énergie le plus bas.

Quand on applique, on obtient la politique. Dans le cervelet, la partie du cerveau qui fait des millions de choses en même temps pour faire fonctionner notre corps, c’est le bordel, le désordre, l’anarchie.

La raison est simple, pour faire toutes ces choses en même temps, l’espace mathématique du cervelet est différent de celui où se trouve notre conscience qui ne peut en faire qu’une à la fois, les notions de temps et d’espace n’en font pas partie, ces informations sont absentes dans cette partie là du cerveau. Ça n’a pas de sens, de direction. Il n’y a pas d’ordre possible dans le cervelet.

Pour la tête, c’est n’importe quoi, ça ne peut donner aucun résultat. Parce que les notions de temps et d’espace sont indispensables à son fonctionnement. Quand on interroge notre cervelet, qu’on lui laisse faire les calculs, on obtient qu’un résultat. Mais on n’a aucune idée de comment y parvenir. On ne sait pas par quoi commencer, ni aucune idée des étapes à franchir pour y arriver, on n’a que le résultat final.

La politique, c’est comment on l’obtient. Par où on commence, dans quelle direction on va. Toujours vers le niveau d’énergie le plus bas, vers l’état stable. Je suis convaincu que la politique doit aller dans ce sens là.