Chacun et chacune d’entre nous est un individu unique, mais en même temps nous sommes tous les mêmes. Les deux sont vrais, il n’y a pas à choisir entre l’un et l’autre. Ça dépend de quelle partie de notre cerveau on parle.
Celle que nous avons l’habitude de fréquenter, celle où se trouve notre conscience, qui est reliée à nos 5 sens, en charge de traiter les informations en provenance de notre environnement extérieur, est unique. C’est facile à comprendre, son architecture dépend de notre expérience, des circonstances qui ne sont jamais tout à fait les mêmes d’une personne à l’autre, même lorsqu’il s’agit de jumeaux qui grandissent ensemble.
Comprendre pourquoi nous sommes tous différents les uns des autres est assez évident. Mais une fois arrivé à cette conclusion, on ne voit plus comment nous pourrions en même temps être tous les mêmes. C’est contradictoire. Que nous soyons tous différents exclut la possibilité que nous soyons tous les mêmes. La logique nous indique qu’il serait absurde de chercher dans cette direction, nous n’allons donc pas par là, à moins d’être con.
De se dire comme moi que nous avons tous le même corps, les mêmes muscles, les mêmes organes internes, et qu’une partie de notre cerveau s’occupe de son fonctionnement sans que nous n’en ayons conscience. La fréquence des battements de notre cœur, notre tension artérielle, notre respiration, les mouvement de notre intestin pendant la digestion, l’ordre dans lequel nous devons activer nos muscles pour faire un geste, accomplir une opération aussi compliquée qu’avaler sans s’étouffer, etc.
Nous n’avons pas à nous en mêler consciemment. La partie de notre cerveau où se trouve notre conscience n’est pas concernée. Ce n’est pas de son ressort, mais de celle du cervelet. La partie de notre cerveau qui reçoit et qui traite les informations internes. Qui les traite exactement de la même manière chez tout individu, qui donne une réponse identique indépendamment de l’histoire de la personne.
Cette partie de notre cerveau, le cervelet, est la même chez n’importe qui. Elle a une structure régulière, contrairement à la partie du cerveau que nous voyons sur les IRM, celle dont notre conscience est prisonnière. Nous avons tous exactement le même cervelet, on ne peut pas différencier un cervelet d’un autre, il ne porte pas l’empreinte de l’expérience de notre environnement extérieur.
La surface du cervelet est uniforme, elle ne fait pas les circonvolutions qui caractérisent ce que nous voyons de notre cerveau sur les images et les moulages. On ne peut pas dire que la réponse provient de tel ou tel individu quand elle vient du cervelet, tous les cervelets donnent la même. Dans l’absolu, c’est comme si nous partagions tous et toutes le même organe.
Et voilà la logique devenue incapable de trouver une différence entre les gens. C’est maintenant la notion d’individu qui lui paraît absurde. Mais elle arrive à faire cohabiter les deux puisqu’elle devrait avoir compris que ça dépend de quelle partie du cerveau on parle.
Il y en a deux. Une qui est parfaitement identique chez tout le monde, le cervelet, et une autre qui est unique, le cortex qui entoure nos deux hémisphères cérébraux où se trouve notre conscience. Il n’y a plus aucune contradiction logique entre les deux propositions, on est sorti de l’impasse.
Derrière, la logique nous met alors face à un choix, une responsabilité, une liberté. Celle de la partie du cerveau avec laquelle on traite les informations. Soit avec celle où se trouve notre conscience, différente pour chaque individu, ou avec celle qui est la même chez tout le monde, le cervelet.
Dans le doute, je fais les deux.