Sortir de l’impasse

Chacun et chacune d’entre nous est un individu unique, mais en même temps nous sommes tous les mêmes. Les deux sont vrais, il n’y a pas à choisir entre l’un et l’autre. Ça dépend de quelle partie de notre cerveau on parle.

Celle que nous avons l’habitude de fréquenter, celle où se trouve notre conscience, qui est reliée à nos 5 sens, en charge de traiter les informations en provenance de notre environnement extérieur, est unique. C’est facile à comprendre, son architecture dépend de notre expérience, des circonstances qui ne sont jamais tout à fait les mêmes d’une personne à l’autre, même lorsqu’il s’agit de jumeaux qui grandissent ensemble.

Comprendre pourquoi nous sommes tous différents les uns des autres est assez évident. Mais une fois arrivé à cette conclusion, on ne voit plus comment nous pourrions en même temps être tous les mêmes. C’est contradictoire. Que nous soyons tous différents exclut la possibilité que nous soyons tous les mêmes. La logique nous indique qu’il serait absurde de chercher dans cette direction, nous n’allons donc pas par là, à moins d’être con.

De se dire comme moi que nous avons tous le même corps, les mêmes muscles, les mêmes organes internes, et qu’une partie de notre cerveau s’occupe de son fonctionnement sans que nous n’en ayons conscience. La fréquence des battements de notre cœur, notre tension artérielle, notre respiration, les mouvement de notre intestin pendant la digestion, l’ordre dans lequel nous devons activer nos muscles pour faire un geste, accomplir une opération aussi compliquée qu’avaler sans s’étouffer, etc.

Nous n’avons pas à nous en mêler consciemment. La partie de notre cerveau où se trouve notre conscience n’est pas concernée. Ce n’est pas de son ressort, mais de celle du cervelet. La partie de notre cerveau qui reçoit et qui traite les informations internes. Qui les traite exactement de la même manière chez tout individu, qui donne une réponse identique indépendamment de l’histoire de la personne.

Cette partie de notre cerveau, le cervelet, est la même chez n’importe qui. Elle a une structure régulière, contrairement à la partie du cerveau que nous voyons sur les IRM, celle dont notre conscience est prisonnière. Nous avons tous exactement le même cervelet, on ne peut pas différencier un cervelet d’un autre, il ne porte pas l’empreinte de l’expérience de notre environnement extérieur.

La surface du cervelet est uniforme, elle ne fait pas les circonvolutions qui caractérisent ce que nous voyons de notre cerveau sur les images et les moulages. On ne peut pas dire que la réponse provient de tel ou tel individu quand elle vient du cervelet, tous les cervelets donnent la même. Dans l’absolu, c’est comme si nous partagions tous et toutes le même organe.

Et voilà la logique devenue incapable de trouver une différence entre les gens. C’est maintenant la notion d’individu qui lui paraît absurde. Mais elle arrive à faire cohabiter les deux puisqu’elle devrait avoir compris que ça dépend de quelle partie du cerveau on parle.

Il y en a deux. Une qui est parfaitement identique chez tout le monde, le cervelet, et une autre qui est unique, le cortex qui entoure nos deux hémisphères cérébraux où se trouve notre conscience. Il n’y a plus aucune contradiction logique entre les deux propositions, on est sorti de l’impasse.

Derrière, la logique nous met alors face à un choix, une responsabilité, une liberté. Celle de la partie du cerveau avec laquelle on traite les informations. Soit avec celle où se trouve notre conscience, différente pour chaque individu, ou avec celle qui est la même chez tout le monde, le cervelet.

Dans le doute, je fais les deux.

Faire savoir que ça existe

Pour utiliser son cervelet, il faut avant tout savoir qu’il existe. Car le problème avec lui, c’est bien ça : nous n’avons pas conscience de son existence bien qu’il fasse partie de nous. Nous ignorons ce qu’il fait, et encore plus comment il le fait. On ne peut donc pas l’utiliser.

Le cas est à peu près le même que celui de l’électricité. Elle a toujours existé, mais on ignorait ce que c’est, et jusqu’à très récemment, comment l’utiliser. Et nous en avions peur. La foudre était la seule manifestation que nous connaissions d’elle.

Nous l’imaginions comme quelque chose de dangereux. Personne n’aurait pu penser que notre cerveau fonctionne grâce à ce phénomène effrayant qui tombe du ciel, ni que nous finirions par l’utiliser tous les jours en trouvant ça tout à fait normal.

Même chose pour le cervelet. Nous avons peur de le lui car la seule manifestation que nous en connaissions sont les rêves et les cauchemars, un monde surréaliste, qui ne correspond en rien à l’expérience que nous avons dans la vie de tous les jours.

Et pourtant, son utilisation finira par nous paraître aussi banale que d’appuyer sur un interrupteur pour allumer la lumière. Le changement sera tout aussi important que celui qu’a permis l’électricité. Mais avant cela, il faut savoir qu’il existe.

Faîtes savoir à tous ceux et celles que vous connaissez que le cervelet existe pour que nous puissions enfin l’utiliser. Je me suis chargé de comprendre comment il fonctionne, il ne manque plus qu’à faire savoir.

La peur de l’inconnu

L’inconnu fait peur. Je dis que j’ai réussi à faire prendre l’habitude à mon cerveau de toujours faire passer les informations qu’il doit traiter par mes neurones miroirs, parce qu’elles arrivent alors à un endroit du cerveau qui permet de faire tous les calculs en même temps au lieu d’être obligé de les faire l’un après l’autre. Mais ces neurones ne sont qu’une porte d’entrée.

Je suis incapable de suivre les informations une fois qu’elles l’ont franchie, elle disparaissent du champ de ma conscience, je ne sais pas où elles vont. Je ne peux dire ni où, ni quand, ni sous quelle forme elles ressortiront, donc, j’ai peur. Mais j’oblige malgré tout mon cerveau à les faire passer par là.

Il faut être con pour s’infliger ça. C’est pour ça que j’imagine mal réussir à convaincre qui que ce soit de faire la même chose que moi, personne n’est assez con pour se faire peur volontairement quand il ou elle peut l’éviter. Moi, si.

Mais c’est pour savoir où ces putains d’informations vont. Elles disparaissent entièrement derrière cette porte, elles deviennent parfaitement inaccessibles, mais elles vont bien quelque part. Mais hors du champ de ma conscience.

Et ma conscience se situe dans la fine couche qui entoure mes deux hémisphères cérébraux, la surface du cerveau qu’on voit avec l’IRM. S’il n’y a plus trace des informations qui franchissent la porte dans ma conscience, c’est qu’elles ont disparu de la surface.

Où pourraient elles aller d’autre qu’en-dessous ? Dans l’obscurité, à la cave. Et qu’y a t-il sous nos hémisphères cérébraux ? Le cervelet. Lui aussi constitué de cortex cérébral, mais organisé différemment de celui qui entoure nos les hémisphères que nous avons l’habitude de voir sur les images. Bingo, c’est donc là.

Et de quoi s’occupe le cervelet ? De notre corps. C’est lui qui accorde toutes les fonctions de notre organisme en même temps sans que nous n’ayons à nous en occuper consciemment. Nous en serions bien incapables, le nombre d’informations qu’il faut prendre en compte et le nombre de décisions à prendre simultanément sont bien trop grands, le cortex qui entoure nos hémisphères cérébraux n’est pas organisé pour. Celui du cervelet, si.

Maintenant que je sais où vont les informations quand je leur fait franchir la porte des neurones miroirs, je n’ai plus aucune raison d’avoir peur, puisque je les envoie à mon cervelet, qui est certes inaccessible à cause de son organisation différente, mais qui n’en est pas moins fiable, comme en témoigne le corps qu’il gère infiniment mieux que je ne pourrais le faire avec le tissus cérébral où se trouve ma conscience.

Voilà peut être une explication qui pourrait vous convaincre que ce n’est pas si con que ça.

Tout sauf l’anarchie

Je ne pensais pas entendre un jour une universitaire parler de l’anarchie comme solution. Et pourtant, c’est ce qui s’est passé dans le documentaire sur la propriété qu’a diffusé Arte. La dame était très mal à l’aise avec ce mot, mais elle n’en a pas trouvé d’autre pour décrire comment une société basée sur la propriété en commun pourrait s’organiser.

Elle a peur de ce mot parce qu’il risque de provoquer son exclusion de la communauté à laquelle elle appartient, de la faire passer de l’autre côté comme j’ai dit hier. Ce n’est que contrainte et forcée qu’elle s’est retrouvée sur ce territoire inconnu, celui que j’explore pour ma part depuis que Renaud me l’a fait découvrir quand j’avais 5 ou 6 ans.

L’anarchie n’est pas un tabou pour moi contrairement à elle. C’est un environnement que je connais, je ne fais rien d’autre que parler de son fonctionnement tous les matins, quand le cerveau est dans sa période anarchiste qu’il n’est pas encore tout à fait sorti de l’espace du rêve. L’anarchie, c’est là que ça se passe, dans l’espace mathématique du rêve.

Ce n’est pas n’importe quoi, il y a des règles. Différentes de celles dont le cerveau se sert lorsque nous sommes éveillés, que notre conscience est activée, mais il y en a. La peur vient de là. C’est un territoire inconnu pour la conscience. Elle n’y a pas accès puisqu’il n’apparaît que lorsque elle est éteinte, mais elle se rend compte qu’il existe lorsqu’on s’éveille.

Et ça la fait flipper de savoir qu’elle cohabite avec ce monde qui lui est presque totalement inconnu, dont les règles lui sont parfaitement incompréhensibles. C’est donc le dernier endroit où elle veut aller. La conscience ira partout ailleurs avant de se résoudre à entrer sur ce territoire dont elle ignore tout.

Voilà a peu près où nous en sommes puisque même d’honorables universitaires en viennent à parler d’anarchie à la télé. Nous avons fait le tour de tous les endroits où la conscience pouvait se réfugier, il ne lui reste plus que l’espace du rêve où aller.

Cet espace, c’est l’Amérique. L’endroit du cerveau où des millions de gens vont bientôt se retrouver, où tout le monde voudra aller. Viendez, j’y suis déjà, je vous y accueillerais avec autant de joie que cette femme qui n’a pas eu d’autre choix que de s’y aventurer.

Une tempête dans une baignoire vaut mieux que la guerre

Avec l’idée que notre cerveau se compose de deux parties aux règles de fonctionnement très différentes l’une de l’autre, dont l’une est consacrée au traitement des informations en provenance de l’environnement extérieur qui les exploite sur le même mode que celui qui sert au langage oral, tandis que l’autre qui est chargée de celles qui nous viennent de nos organes internes est soumises aux règles incompréhensibles de la communication corporelle, qui est le support de 80% de l’information quand on dialogue avec quelqu’un, contre 20% seulement aux mots de la conversation, il apparaît que cette dernière est toujours calme, tandis que la première peut se retrouver dans des états qui font penser à une tempête sur l’océan.

Et comme j’ai été soumis à de violentes intempéries à 3 ans, un âge où le cortex préfrontal, la partie du cerveau en charge du langage oral arrive à peine maturité, la meilleure solution que j’ai trouvé a été de me réfugier dans l’autre. Je ne l’ai pas fait par choix, j’y ai été forcé. Et ça a l’air d’être la grande caractéristique de cette partie du cerveau, une fois que notre conscience y est, elle veut rester là, on ne la quitte pas par choix, la conscience doit y être forcée.

Autrement dit, la tempête doit devenir si forte que le bateau de notre conscience coule par le fond. C’est par exemple le cas pour nous endormir, on doit se déconnecter de cette partie agitée. Mais pour nous déconnecter, le cerveau n’a rien trouvé de mieux que de déclencher un ouragan. Un insomniaque, c’est une personne dont le bateau ne coule pas qui est insubmersible, qui remonte comme un bouchon au lieu de rester au fond, qui n’arrive pas à attraper la ficelle pour se maintenir sous la surface et qui n’a pas d’autre choix que d’augmenter encore la puissance des vagues pour que le bateau subisse encore plus de dégâts. C’est l’enfer. Et c’est aussi l’état dans lequel se trouve notre société, elle nous fait tout bêtement une insomnie, elle remonte comme un bouchon au lieu de s’ancrer au fond.

Et l’erreur est la même, augmenter la force de la tempête pour faire couler le bateau. Je disais que la société se retrouve dans cette partie calme du cerveau lors des guerres ou des catastrophes, ce qui m’a paru tout à fait paradoxal, puisque ce sont des périodes qui sont au contraire particulièrement agitées, si agitées qu’elles forcent les gens qui y sont soumis à se réfugier dans la partie de leur cerveau où règne le calme qu’ils ne retrouvent pas dans les informations en provenance de l’extérieur. Le paradoxe devient on ne peut plus logique.

Voilà le problème de la société réduit à un seul individu, même pas un simple système composé de deux milieux aux caractéristiques différentes et qu’il suffit de faire passer notre conscience de l’un à l’autre pour que notre ressenti change du tout au tout. Et l’erreur commise est toute bête, ce n’est pas la force de la tempête qui provoque un naufrage, c’est l’état de la mer qui nous fait accrocher la ficelle au fond.

Je m’explique. Lorsqu’il y a une tempête, le plus dangereux, c’est la forme que prennent les vagues. Elles arrivent n’importe comment, de tous les côtés, le bateau est ballotté dans tous les sens, on chope le mal de mer. Mais vous pouvez reproduire exactement la même chose en tapant irrégulièrement à la surface de l’eau dans votre baignoire. Vous aurez de minuscules vaguelettes qui ressemblent furieusement aux tempêtes sur l’océan. En mathématiques, on appelle ça une fractale. Si on prend une photo de la baignoire agitée en gros plan, ou de l’océan en plan large, on obtient la même image, impossible de dire qui est l’un et qui est l’autre. Et ça aussi, ça fout le mal de mer, ne pas pouvoir dire qui est l’un et qui est l’autre quand on sait que ce sont deux objets différents.

Ce qu’il faut faire, ce n’est donc pas tant provoquer une grosse tempête dévastatrice que de se donner le mal de mer. Les petites vagues qui arrivent n’importe comment le provoquent tout aussi bien, et même mieux peut être, puisqu’on n’a même pas le recours de lutter d’égal à égal avec la force des éléments.

Parce que la grosse connerie, est là. C’est cette lutte qui augmente la puissance de la tempête, elle met en action la partie de notre cerveau consacrée au langage oral, à l’action volontaire, quand on lutte mentalement contre les éléments, on est actif. Et être actif pour un cortex préfrontal, ce n’est rien d’autre que de faire des vagues, il ne peut rien faire d’autre.

Mais il résonne faux. Il ne sait pas que c’est simplement l’image fractale qui provoque le passage de la conscience du milieu agité au milieu calme, il croit que le milieu calme est le même que le milieu agité, et il cherche à faire ce qu’il sait faire, agir, pour le rendre plat. On ne se rend jamais vraiment compte du passage entre l’état de veille et le sommeil, notre conscience n’a pas l’information du passage d’un milieu à l’autre, elle s’imagine à tort que c’est toujours le même.

Et pour calmer une surface agitée par des vagues activement, ce qu’il faut faire, ce sont des vagues qui arrivent en sens inverse. Que la profondeur du creux de celles qui arrivent dans un sens correspondent à la hauteur de celles qui arrivent dans l’autre. La bosse tombe dans le trou et on obtient une mer d’huile, mission accomplie.

Je suis le premier à faire ce genre de vagues, chaque deuxième mot dans ma bouche est un gros mot. Et un gros mot, c’est ça, une vague en sens inverse, l’annulation de l’information en sens entrant par la production d’une autre d’une égale puissance en sens sortant qui est censée produire une mer d’huile. On voit bien où ça conduit. Au concours de bite. Qui a la plus grosse vague, celle qui passera au-dessus de l’autre. Ça tourne à la tentative de submersion de la source, à l’invasion du cerveau de l’autre par l’inondation de ses côtes. C’est la guerre.

J’adore la guerre, comme tout le monde, mais j’ai du mal à calibrer mes vagues. La taille de celles que je dois produire pour remettre la surface à plat de cette manière dans mon cerveau m’a été imposée par les conditions climatiques merdiques dans lesquelles je me suis retrouvé enfant. Et pour les gens dont les côtes n’ont pas l’habitude d’être balayées par des rouleaux aussi puissants, c’est tout à fait disproportionné, destructeur. Je ne peux pas produire les mêmes vagues que j’utilise pour moi dans ce cadre logique là, celui du langage oral.

Encore une fois, je suis forcé de passer à l’autre partie du cerveau, pour communiquer. Transformer ce milieu agité en fractale qui le fait ressembler au milieu calme en tapotant doucement et irrégulièrement sur le cerveau des gens comme je le fais à la surface de l’eau dans ma baignoire. Comme dirait Archimède : Eurêka !

Pour avoir confiance en l’avenir, il faut comprendre les règles de fonctionnement du cerveau

Hier soir, je suis tombé sur Cyril Hanouna en zappant. Le débat portait sur la prolongation du pass sanitaire jusqu’à l’été prochain. Il disait qu’il est sûr qu’il va falloir le présenter pour pouvoir voter aux présidentielles. Dimanche, j’ai vu Edwy Plenel qui disait que nous ne sommes plus vraiment en démocratie puisque les décisions se prennent dans conseil de défense totalement opaque. Et quelques jours avant, j’avais entendu parler de l’idée d’un Nuremberg du covid pour juger nos dirigeants qui tourne sur internet.

Que des idées que j’ai exprimé ici il y a des mois. Je devrais être content d’avoir prévu que ça se passerait comme ça, d’avoir fait des prévisions qui se réalisent, mais c’est tout le contraire, ça confirme que parler ne sert à rien,que ce que je fais est inutile. Ça n’a pas empêché ses idées de se développer.

Pour moi, si la démocratie me paraît être le meilleur mode de gouvernement, c’est pourtant parce qu’elle devrait permettre d’éviter ça. Si on a le droit de parler, c’est pour que nos dirigeants ne fassent pas les conneries qui nous mettent dans ces situations dangereuses. Comment un gouvernement responsable peut-il demander la prolongation d’un dispositif comme le pass sanitaire qui fait peser le soupçon sur le processus démocratique d’une élection présidentielle ?

Si j’ai parlé des élections dès l’instauration du pass sanitaire, c’est bien parce que j’y voyais la ligne rouge à ne pas franchir. Dans une démocratie qui fonctionne, c’est ce qu’il fallait dire à ce moment. Mais on entendait partout que c’était une très bonne chose qui allait nous rendre la liberté. Parler des élections vous aurait rejeté dans le camp des autres, des non humains, de ceux qui n’acceptent pas de se plier au consensus, des moins que rien.

On n’était pourtant pas dans la fake news. Les élections vont bien avoir lieu. Ce n’est pas du délire de s’inquiéter de leur superposition avec le pass sanitaire, de dire qu’elle pose un gros problème qu’il vaudrait mieux traiter avant qu’il ne se pose. Qu’en aucun cas cette superposition ne doit être permise, qu’il faut empêcher le cerveau de la faire parce qu’il en tire des conclusions nauséabondes qui lui font perdre toute confiance dans les informations que donnent ceux qui dirigent. Le cerveau humain fait ça si on ne lui garantit pas que c’est un cas de figure impossible, il la simule, l’estime probable.

Voilà ce que je trouve effrayant. C’est d’ignorer les bases, de s’en affranchir. Mon cerveau a fait le calcul tout seul, je ne lui ai rien demandé, c’est lui qui m’a dit pass sanitaire + élection = gros problème. N’importe quel cerveau a qui on fournit ces données fait ça. C’est de la pure logique, cela n’a rien à voir avec les opinions politiques ou la personnalité de son propriétaire. Moi, je suis simplement un peu plus sensible que la moyenne, j’ai conscience de la conclusion à laquelle la logique arrive un peu avant la plupart des gens mais mon cerveau fait exactement la même chose que celui ce n’importe qui.

Mais j’ai l’impression que nos dirigeants, nos élites, estiment que le leur est différent. Que si le leur sublime cerveau arrive à cette conclusion, celui de léfrancé, du tiers-état, est incapable de la tirer. Ce sont pourtant des gens intelligents, ils ont exercé leur fonction logique peut être encore plus que moi, il sont attentifs aux conclusions qu’elle leur fournit. Mais celle là, ils n’en parlent pas, ils la refoulent, ils ne la laissent pas arriver à leur conscience.

C’est mon fameux syndrome du chef incapable d’apprendre. J’en ai parlé à plusieurs reprises. Un chimpanzé maltraité par un particulier est placé dans un zoo, dans un groupe. Il n’a plus de dents, il est obligé de râper ses aliments sur le sol pour pouvoir les manger. Les autres sont intrigués, l’imitent et continuent ensuite parce qu’ils trouvent ça bon. Deux d’entre eux seulement ne se convertissent pas à l’idée. Le couple dominant, les chefs, les élites.

D’où l’utilité de la démocratie. Le rôle du peuple est d’amener à la conscience des dirigeants les conclusions que tire un cerveau parce que leur position ne leur permet pas d’apprendre tout seuls. Par extension, c’est vrai pour tout cerveau adulte, en charge de prendre les décisions et donc incapable d’apprendre, et que les conclusions logiques n’arrivent qu’à la conscience des vieux et des enfants qui ont eux un cerveau qui fonctionne sur un mode différent.

Le système fonctionne comme ça, on n’y peut rien. Et c’est quand on comprend les règles qu’on peut en tirer le meilleur. Mais si on ne les accepte pas, on risque de casser la machine. C’est la seule conclusion à laquelle la logique puisse arriver. Cette idée devrait émerger toute seule, mais je ne peux pas m’empêcher d’essayer de faire en sorte que ce soit le plus vite possible. Ça me ferait plaisir de voir pour une fois autre chose qu’une de mes conclusions merdiques devenir réalité.

Avoir conscience de son corps aide à l’harmonie des idées

À quoi sert la conscience ? C’est la question que la mienne m’a posé hier matin après que j’ai affirmé qu’il était non seulement possible d’acquérir une connaissance universelle, mais que je l’avais fait. Ma conscience, ma tête, m’a alors demandé si je me rendais bien compte de la connerie que je venais d’écrire, parce qu’elle, elle n’assume pas. Je lui ai répondu que ce n’est pas moi qui le dit, c’est le corps, la mémoire procédurale, c’est elle qui écrit le matin, tu m’as dit de la laisser faire. Tu la connais, il est gentil, mais il est quand même un peu con, le corps.

Il n’a déjà pas la notion du temps. Quand j’ai enfin réussi à produire à coup sûr les sons diaphoniques qui m’ont donné tant de mal depuis des années grâce au doigt d’un kalmouke qui m’a indiqué l’endroit précis de la déviation du son entre la bouche et le nez, j’étais très content. Et ma conscience qui a constaté que je pouvais réussir à maîtriser une technique aussi particulière après tant d’années d’échec l’était également.

Mais mon corps, ma mémoire procédurale, elle, elle trouvait ça normal. Elle m’a dit : « Mais moi, j’ai toujours su le faire, c’est la conscience qui ne savait pas. Moi, je sais tout faire, c’est la conscience qui est conne ». Du corps tout craché, complètement givré. Mais pas menteur pour deux sous. C’est vrai qu’il sait tout faire. Comme nos cellules savent elles aussi tout faire. Chacune d’entre elles contient toutes les informations nécessaires pour faire un corps tout entier. Chaque cellule sait comment faire un organisme au complet.

Non seulement un organisme, un corps humain par exemple, mais tous les organismes vivants. Que ce soient des animaux, des plantes ou des bactéries. Notre ADN contient toutes les informations qui ont été accumulées depuis l’apparition de la vie sur Terre. Il contient encore les gènes qui ont permis à la première bactérie de se reproduire, l’ancêtre commun à tout ce qui vit sur Terre. Notre ADN se souvient de tout ce qui c’est passé depuis, il pourrait refaire tout ce qui vit, il est omnipotent.

C’est la même chose pour notre mémoire procédurale. Elle connaît tous les mouvements, toutes les positions que le corps peut prendre. À la conscience de lui demander de le faire. Placer sa voix pour produire des sons diaphoniques, mon corps à vraiment toujours su le faire, c’est ma conscience qui ne savait pas.

Et elle a compris tout de suite que le doigt posé au dessus de la pomme d’Adam était la solution à la production de sons diaphoniques. Elle n’a pas demandé à mon corps de lui en apporter la preuve. Une autre caractéristique étrange de la mémoire procédurale, elle ne fait pas la différence entre mon corps, et celui des autres. Un mouvement est un mouvement, et comme il peut faire tous ceux qu’un être humain fait, il ne fait pas la différence entre ceux qu’il fait lui-même et ceux dont il a perçu chez les autres quelle position il doit prendre pour l’exécuter.

Je crois d’ailleurs que le mien se prend pour une femme, il veut devenir ballerine comme je l’ai déjà dit. Il trouve leur mouvements beaucoup plus fluides, plus doux, plus harmonieux, plus beau que ceux que ma conscience lui fait faire. Il crève d’envie de faire comme elles, il demande à ma conscience de bien observer chaque détail, de la tête aux pieds, il voudrait toucher pour lui faire comprendre ce qui se passe à l’intérieur, quels muscles sont en tension, lesquels sont relâchés, écouter leur cœurs pour qu’il se mette au même rythme. Il adore cette version de lui, il veut me faire ressentir l’harmonie nouvelle que je pourrais obtenir à utiliser mon corps comme elles.

Et quand je les regarde, je la ressens. Dans mes idées. Mes idées se mettent à suivre le chemin mental emprunté pas les femmes pour bouger. Grâce à mes neurones miroir, ce sont les mêmes circuits neuronaux qui s’activent chez moi que chez elles. Ma pensée suit la leur, mais elle ne fait pas bouger mon corps, elle fait bouger le monde entier, tout l’univers.

Car ce n’est pas qu’avec le corps des autres, y compris celui des femmes, que le mien confond. Mais aussi avec les animaux, les plantes, les bactéries, tout ce qui est vivant, et même avec ce qui ne l’est pas. La mer, par exemple. Quand mon corps, ma mémoire procédurale suit ses mouvements, elle me dit « Ça aussi, c’est moi ». Et quand elle voit une photo de galaxies, de nébuleuses, elle y voit son portrait tout craché, comme dans les nuages ou encore dans le vent qui souffle dans les branches d’un arbre ou sur un pré. Là aussi, mon corps me dit qu’il sait faire tout ça.

Et il n’est toujours pas menteur, il connaît ces mouvements, il fait les mêmes. Ce sont ceux qu’il ressent dans le cerveau, celui des ondes, des flux d’information, des courants électromagnétiques qui nous traversent, interagissent, interfèrent. Le corps reconnaît ces schémas familiers. Quand il les voit, il se voit. Il sait aussi comment fonctionne la matière jusqu’au dernier de ces atomes. La connaissance que le corps a de lui même est donc bien universelle.

C’est celle de la conscience qui ne l’est pas, qui ne peut pas l’être, qui ne doit pas l’être. La conscience nous oblige à tenir compte que nous sommes dans un lieu à un moment, pas partout n’importe quand comme notre corps le croit. Sa fonction c’est d’identifier l’endroit du corps auquel il faut penser pour produire l’interférence qui reproduit le mieux les mouvements de l’univers depuis le Big-Bang pour accomplir une tâche donnée.

La mienne est d’observer ce qui se passe dans ma tête pour mettre le doigt sur l’endroit qui fait danser mes idées. Les vôtres devraient suivre le mouvement, celui qui nous mènera à la connaissance universelle. Et tout cas, c’est ce que mon corps me dit, même si ma conscience me rappelle qu’elle sera aussi difficile à produire des sons diaphoniques pour moi.