Il y a quelques jours, j’ai entendu un des experts interchangeables qui ont tous le même avis qu’on voit tout le temps à la télé utiliser le mot « résilient » dans une phrase, et j’ai dit : « Personne ne lui met une baffe ». Mais comme j’étais d’humeur taquine, j’ai ajouté qu’il faudrait lui expliquer que sa torgnole a été provoquée par l’utilisation d’un mot interdit, et qu’il a intérêt à faire gaffe, parce qu’il y en a d’autres. Mais sans lui dire lesquels. Je suis à peu près sûr que la personne trouverait d’elle même.
J’ai appelé ça « le jeu de la baffe ». C’est celui que ma maîtresse de maternelle nous faisait subir quand j’avais trois ans. Il fallait comprendre ce qui déclencherait la punition, la logique qui amenait à la baffe sans avoir les règles. Je n’ai pas trouvé mieux qu’elle. Mais je peux expliquer le but recherché, Faire réfléchir avant de parler, donner une raison de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir.
Ce n’est rien d’autre que prendre le temps de vérifier sur quoi ce qu’on dit repose, de revenir en arrière, de changer le sens dans lequel on utilise la partie logique de notre cerveau, de le faire passer au signe opposé à celui dans lequel il se trouve lorsqu’on produit du discours. La baffe agit comme un mur infranchissable sur lequel on ne peut que rebondir pour repartir dans l’autre sens.
Elle est là pour amplifier le signal d’arrêt qu’on n’a pas respecté tout seul, pour augmenter la sensibilité à ce signal. C’est ça le but du jeu.
C’est ma seule particularité, mon seuil de détection de ce signal est plus bas, je réagis fort à la moindre stimulation comme si j’y étais allergique. Je tousse avant que les autres ne se rendent compte du risque d’intoxication.