Quitter le sentier des yeux pour découvrir un paysage merveilleux

L’image de la personne perdue dans ses pensées qu’il ne faut pas déranger pour qu’elle ne perde pas le fil qu’ont les scientifiques prouve que nous associons compliqué et difficile dans l’idée que nous nous faisons de l’intelligence. Nous trouvons ça logique.

Mais logique fait que si nous associons compliqué et difficile, nous ne pouvons dès lors pas empêcher l’association de leurs contraires, simple et facile. Et là, l’expérience indique qu’il y a une couille dans le potage.

Que cette association sonne faux, que faire simple est ce qu’il y a de plus difficile. Compliqué et facile se retrouvent mathématiquement ensemble, mais le système tourne toujours, il ne disjoncte plus.

Et il produit un autre résultat. Que je suis bien incapable de vous décrire. C’est ce que j’appelle l’effet sapin de Noël. Le cerveau qui s’allumait tranquillement une étape après l’autre, une information après l’autre, s’illumine d’un coup de toutes part.

Il suivait un chemin sur lequel il était obligé de se concentrer pour ne pas se prendre les pieds dans les obstacles, il arrive à un endroit plus stable où il peut se reposer un peu, et quand son regard se détache du sentier périlleux sur lequel il se trouvait, il découvre un paysage à couper le souffle.

Les gens intelligents sont ceux qui vous amènent là.

Compliqué n’est pas difficile

Les scientifiques ont une image de gens perdus dans leurs pensées, absorbés dans leurs pensées, déconnectés du monde réel, incapables de s’occuper d’eux. L’intelligence est associée à ce comportement. Difficile de les séparer.

Ce n’est pas compliqué, les capacités intellectuelles sont une chose, et le comportement, une autre, le cerveau ne les confond pas, mais elles sont littéralement collées l’une à l’autre. Elles forment un bloc qui rend la séparation des éléments qui le composent difficile.

Là, j’ai envie de vous parler de physique, de la matière, de la différence entre une liaison covalente et une liaison ionique. C’est plus simple pour moi, la liaison covalente est plus forte que la liaison ionique, ce que j’essaye de vous expliquer revient simplement à dire que les capacités intellectuelles et le comportement lunaire du scientifique ne sont pas reliés par une liaison forte de type covalent, mais une liaison faible, de type ionique.

On ne peut pas défaire une liaison covalente sans tout casser, par contre on peut décoller des éléments qui se collent l’un à l’autre par une liaison ionique. Et on ne fait pas la même chose dans un cas ou dans l’autre. On défait les liaisons ioniques en douceur, pas par la force. Avoir deux modèles de liaison différents ouvre de nouvelles perspectives, En ouvre une autre que la force. Plus délicate à mettre en œuvre, qui demande du self control, plus difficile.

Je pourrais continuer comme ça pendant des heures, compliqué, je sais faire, c’est facile. Compliqué, ce n’est pas difficile. Au contraire, faire compliqué permet d’éviter ce qui est difficile. Voilà notre problème actuel. On évite de faire ce qui est difficile, on préfère le compliqué. Les gens qui nous disent que le monde est de plus en plus compliqué, nos élites, nos dirigeants ne veulent pas faire ce qui est difficile.

Nous avons opté pour le compliqué, pour la facilité jusqu’à présent. Il ne reste donc plus que des problèmes difficiles. C’est simple.

Le troisième temps de l’Humanité

Après avoir traversé la préhistoire, puis l’histoire, l’humanité devrait donc à un moment passer à la posthistoire. Et peut être est-il arrivé. L’humanité entrerait alors dans son troisième temps.

La question est : à quoi pourrait-il ressembler ? Le fin de l’histoire a déjà été annoncée, je ne dis rien d’extraordinaire. Mais sans qu’on ait aucune idée de la différence avec la période d’après. Nous nous sommes retrouvé face à un énorme vide qui nous laisse à penser qu’il n’y a rien après. Qu’après l’histoire, c’est la mort de l’humanité.

L’idée engendre une angoisse de mort. Notre société est en proie à une angoisse de mort collective. Il s’agit donc de la rassurer. Le seul moyen est de lui montrer qu’il y a un avenir. Un avenir différent, mais un avenir quand même. Avec une différence toute simple. Le passage de deux temps, préhistoire, histoire, à trois, préhistoire, histoire, posthistoire.

L’histoire consiste à traiter les idées en deux temps. Le premier est celui de la préhistoire, la recherche d’une solution directe. Celui où on mangeait avec les mains. Le second, celui de la recherche d’une solution indirecte, donc de l’interdiction de l’application de la solution directe. Celui de l’obligation de servir de couverts pour se nourrir pour être accepté comme membre de la communauté à part entière.

Le troisième, celui de la posthistoire, ne consiste en rien d’autre qu’un retour au premier, à la solution simple. Ce n’est rien d’autre qu’un changement de rythme de la pensée. Au lieu d’un rythme binaire, celui des marches militaires, un, deux, un deux, on le fait passer à un rythme ternaire, un, deux, trois, un, deux, trois.

La posthistoire, ce n’est rien d’autre que ça. Un rythme différent de celui de l’histoire. Simple, compliqué, simple. Direct, indirect, direct. Corps, tête, corps. Cervelet, cortex préfrontal, cervelet.

Un, deux, trois. Un, deux, trois. Il suffit de le choper pour se balader.

Le temps de lever l’interdiction de faire simple est arrivé

Les gens civilisés mangent avec des couverts, pas avec leurs doigts. Voilà comment on habitue les gens à faire compliqué au lieu de faire simple. C’est plus simple de prendre directement les aliments avec les mains que d’apprendre à les saisir avec un instrument, mais la civilisation l’interdit. La civilisation, c’est ça. L’interdiction de faire simple, s’obliger à faire compliqué.

Et dans tous les domaines, pas que dans celui de l’alimentation. Mais celui là permet particulièrement bien de se rendre compte que ça devient absurde quand on va trop loin. Jusqu’à manger une banane posée dans une assiette avec un couteau et une fourchette. Je ne déconne pas. Quand on est vraiment très civilisé, c’est ce qu’on fait.

Moi, non seulement j’utilise mes mains, mais je les ouvre par le bas. Pas par le côté où il y a un bout qui dépasse. Parce que j’ai vu les grands singes faire comme ça. Pour constater qu’ils enlèvent le petit bout immangeable qui gâche tout le plaisir en premier au lieu de se le garder pour la fin. Ils ne se laissent pas attirer par l’excroissance qui invite à tirer dessus comme les humains. Ils sont moins cons que moi.

Voilà un exemple. Plutôt amusant, La Fontaine aurait pu en faire une fable. Mais ce principe s’applique dans tous les domaines. Il nous fait nous rendre compte des limites de la civilisation. Il fallait les franchir pour savoir où elles sont, mais ce serait de la folie de continuer dans cette direction. Le temps de lever l’interdiction de faire simple est arrivé.

Il me semble que c’est une bonne nouvelle. Elle devrait se répandre sans difficultés

Qu’est-ce qui nous pousse à parler aux animaux?

Je me demande depuis longtemps ce qui se passe dans la tête des gens qui parlent aux animaux comme si c’étaient des humains. Ils sont fous, ils me font un peu peur. Je ne vis pas tout à fait dans le même monde qu’eux. Je préfère utiliser un mode de communication direct avec les animaux.

Quand le chien de Philippe se met dans mes pieds, je ne lui parle pas, je ne lui dis pas de se pousser, je ne lui crie pas dessus. Je le pousse physiquement. Sans violence, je ne lui mets pas un gros coup de tatane. J’applique ma jambe contre son corps et j’exerce une pression. Le message est clair pour lui. Il est exprimé dans le langage direct que les chiens utilisent entre eux.

Je me mets au niveau du chien. Tandis que les gens qui leur parlent demandent au chien de se mettre à leur niveau à eux, d’utiliser un mode de communication indirect pour lequel ils ne sont pas faits. Dans mon cas, ça me paraît possible, alors que dans le leur, ça ne l’est pas. Je me dis donc que je dois être un peu moins cinglé que les gens qui font ça.

Mais pourquoi le font-ils ? Pourquoi utilisent-ils un mode de communication indirect, alors qu’il en existe un autre qui est direct ? Pourquoi préfèrent-ils faire compliqué au lieu de faire simple ?

C’est une énigme sur laquelle je bute depuis des lustres. Mais je pense avoir enfin trouvé la réponse. Parce que la civilisation leur ordonne de faire ça. Être civilisé, c’est s’interdire la solution directe, celle qui passe par le corps. L’obligation d’en trouver une indirecte, qui passe par la tête.

Les gens reproduisent sur les animaux ce que la société fait sur eux. Ce ne sont pas eux qui sont fous. C’est l’interdiction de recourir à la solution la plus simple qui et folle. C’est l’obligation de trouver des solutions indirectes à tous les problèmes qui rend fou.

Mais la civilisation n’est pas pour autant à jeter à la poubelle. C’est con de se priver volontairement de la solution la plus simple. Ça revient à mettre en panne un système qui pourrait fonctionner. C’est con, mais c’est nécessaire. J’en ai déjà parlé.

Pour comprendre quel rôle jouent les pièces d’un système qui fonctionne, il n’y a pas d’autre solution que de le mettre en panne. D’enlever une pièce pour voir quelles sont les conséquences sur le système. Comme ça a été le cas pour la découverte des aires du cerveau.

Une barre à mine a traversé le crâne d’un gars, emporté un morceau de cerveau, mais à la surprise générale, il n’est pas mort. Et il est resté le même qu’avant, sauf dans quelques domaines bien précis. Ceux dont le morceau de matière grise disparu était chargé. On a su quelle fonction remplit ce bout de cerveau parce qu’il a été enlevé du système.

Et ça nous a permis de mieux comprendre comment le système fonctionne. C’était nécessaire pour apprendre. C’est la même chose pour l’interdiction d’avoir recours aux solutions directes. Elle était nécessaire pour apprendre. Mais elle n’est pas sans conséquences. Elle finit par rendre fou. Il suffirait pourtant de nous autoriser à nouveau à passer par la voie directe que la civilisation nous a interdit d’utiliser pour nous soigner.

Voilà peut être ce que nous avons à comprendre.

C’est compliqué

Depuis quelque temps, tout est plus compliqué qu’avant. Subitement, le monde serait devenu compliqué alors qu’il était simple. Parce que c’est ça que ça veut dire, si le monde est devenu compliqué, c’est qu’il était simple avant. Et personne ne se demande si c’est vrai. C’est une affirmation qui ne repose sur rien, un truc pratique pour ne pas se faire chier à expliquer.

C’est Facebook qui a rendu le monde compliqué. En couple. Célibataire. Ou : « C’est compliqué ». Perso, j’aurais appelé la case « Va te faire enculer avec tes questions de merde », mais c’est moins vendeur. C’est de cette simplification à outrance qu’est sorti le « c’est compliqué », le monde n’a pas changé, il est tel qu’il a toujours été.

Tout est compliqué, rien n’est simple. Un être humain, c’est compliqué. Trop compliqué pour être expliqué en entier. On va se limiter au corps, oublier la personnalité, c’est plus simple un corps. Mais c’est aussi compliqué un corps. C’est composé de plein d’organes différents qui ont tous un rôle bien particulier. Prenons un organe, alors, c’est simple un organe. Mais non. Il est composé de cellules. Une cellule ? Composée de molécules complexes. Une molécule ? Composée d’atomes. Eux-mêmes composés de particules élémentaires, les objets les moins simples à imaginer tellement ils se comportent bizarrement.

À tous les niveaux, il y a de la complexité. Et c’est partout la même. Une particule, un atome, une molécule, une cellule, un organisme, une personne, une famille, un état, le monde, le système solaire, la galaxie, l’univers tout entier, tous sont au niveau de complexité maximum, il n’y en a pas un qui est plus simple que l’autre.

Ce qui est simple, c’est de cocher la case « C’est compliqué ».