Un autre point de vue sur l’intelligence

Les scientifiques sont souvent représentés comme des gens perdus dans leur pensées, qui s’habillent n’importe comment, n’ont aucun sens pratique, qui oublient de manger. Nous avons associé l’intelligence à ces comportements.

Nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. Voilà la connerie qui nous plante. Il suffit de les séparer pour que ça s’arrange.

Il n’y a que ça à retenir de ce que je vais dire. Si vous arrivez à séparer la notion d’intelligence de ces comportements, il se passera quelque chose dans votre cerveau qui vous fera changer de point de vue.

Je vais expliquer, mais je ne sais pas si ça vous aidera. Vous n’avez pas besoin de comprendre les raisons pour lesquelles cette association est une connerie qui porte à conséquence, le tout est que vous ne la fassiez pas, que vous vous l’interdisiez.

Moi, j’ai ma raison. Mais peu importe d’en avoir une ou pas, le résultat est le même. Si cette association ne se fait pas, le point de vue change. C’est donc comme ça que naissent les interdits à la con. Parce qu’on obtient le même résultat qu’on ait une raison ou pas.

La mienne me paraît bonne. Cette association lie l’intelligence à une personne qui n’arrive pas à mettre fin aux tâches dans son cerveau. Quelqu’un de bloqué sur une seule et unique tâche, incapable de passer à une autre. Un con ou une conne, voire un gros con ou une grosse conne. Un obsédé, un monomaniaque, un pervers. Tout sauf un exemple.

C’est une personne qui se met en danger, qui ne tient pas compte de ce qui se passe dans son environnement, qui est incapable de réagir. Un imbécile. L’intelligence, c’est tout le contraire. Savoir mettre fin à une tâche, se remettre à zéro et pouvoir passer à une autre.

Le temps de lever l’interdiction de faire simple est arrivé

Les gens civilisés mangent avec des couverts, pas avec leurs doigts. Voilà comment on habitue les gens à faire compliqué au lieu de faire simple. C’est plus simple de prendre directement les aliments avec les mains que d’apprendre à les saisir avec un instrument, mais la civilisation l’interdit. La civilisation, c’est ça. L’interdiction de faire simple, s’obliger à faire compliqué.

Et dans tous les domaines, pas que dans celui de l’alimentation. Mais celui là permet particulièrement bien de se rendre compte que ça devient absurde quand on va trop loin. Jusqu’à manger une banane posée dans une assiette avec un couteau et une fourchette. Je ne déconne pas. Quand on est vraiment très civilisé, c’est ce qu’on fait.

Moi, non seulement j’utilise mes mains, mais je les ouvre par le bas. Pas par le côté où il y a un bout qui dépasse. Parce que j’ai vu les grands singes faire comme ça. Pour constater qu’ils enlèvent le petit bout immangeable qui gâche tout le plaisir en premier au lieu de se le garder pour la fin. Ils ne se laissent pas attirer par l’excroissance qui invite à tirer dessus comme les humains. Ils sont moins cons que moi.

Voilà un exemple. Plutôt amusant, La Fontaine aurait pu en faire une fable. Mais ce principe s’applique dans tous les domaines. Il nous fait nous rendre compte des limites de la civilisation. Il fallait les franchir pour savoir où elles sont, mais ce serait de la folie de continuer dans cette direction. Le temps de lever l’interdiction de faire simple est arrivé.

Il me semble que c’est une bonne nouvelle. Elle devrait se répandre sans difficultés

Qu’est-ce qui nous pousse à parler aux animaux?

Je me demande depuis longtemps ce qui se passe dans la tête des gens qui parlent aux animaux comme si c’étaient des humains. Ils sont fous, ils me font un peu peur. Je ne vis pas tout à fait dans le même monde qu’eux. Je préfère utiliser un mode de communication direct avec les animaux.

Quand le chien de Philippe se met dans mes pieds, je ne lui parle pas, je ne lui dis pas de se pousser, je ne lui crie pas dessus. Je le pousse physiquement. Sans violence, je ne lui mets pas un gros coup de tatane. J’applique ma jambe contre son corps et j’exerce une pression. Le message est clair pour lui. Il est exprimé dans le langage direct que les chiens utilisent entre eux.

Je me mets au niveau du chien. Tandis que les gens qui leur parlent demandent au chien de se mettre à leur niveau à eux, d’utiliser un mode de communication indirect pour lequel ils ne sont pas faits. Dans mon cas, ça me paraît possible, alors que dans le leur, ça ne l’est pas. Je me dis donc que je dois être un peu moins cinglé que les gens qui font ça.

Mais pourquoi le font-ils ? Pourquoi utilisent-ils un mode de communication indirect, alors qu’il en existe un autre qui est direct ? Pourquoi préfèrent-ils faire compliqué au lieu de faire simple ?

C’est une énigme sur laquelle je bute depuis des lustres. Mais je pense avoir enfin trouvé la réponse. Parce que la civilisation leur ordonne de faire ça. Être civilisé, c’est s’interdire la solution directe, celle qui passe par le corps. L’obligation d’en trouver une indirecte, qui passe par la tête.

Les gens reproduisent sur les animaux ce que la société fait sur eux. Ce ne sont pas eux qui sont fous. C’est l’interdiction de recourir à la solution la plus simple qui et folle. C’est l’obligation de trouver des solutions indirectes à tous les problèmes qui rend fou.

Mais la civilisation n’est pas pour autant à jeter à la poubelle. C’est con de se priver volontairement de la solution la plus simple. Ça revient à mettre en panne un système qui pourrait fonctionner. C’est con, mais c’est nécessaire. J’en ai déjà parlé.

Pour comprendre quel rôle jouent les pièces d’un système qui fonctionne, il n’y a pas d’autre solution que de le mettre en panne. D’enlever une pièce pour voir quelles sont les conséquences sur le système. Comme ça a été le cas pour la découverte des aires du cerveau.

Une barre à mine a traversé le crâne d’un gars, emporté un morceau de cerveau, mais à la surprise générale, il n’est pas mort. Et il est resté le même qu’avant, sauf dans quelques domaines bien précis. Ceux dont le morceau de matière grise disparu était chargé. On a su quelle fonction remplit ce bout de cerveau parce qu’il a été enlevé du système.

Et ça nous a permis de mieux comprendre comment le système fonctionne. C’était nécessaire pour apprendre. C’est la même chose pour l’interdiction d’avoir recours aux solutions directes. Elle était nécessaire pour apprendre. Mais elle n’est pas sans conséquences. Elle finit par rendre fou. Il suffirait pourtant de nous autoriser à nouveau à passer par la voie directe que la civilisation nous a interdit d’utiliser pour nous soigner.

Voilà peut être ce que nous avons à comprendre.