La tache qui apparaît dans les yeux d’une mante religieuse lorsqu’elle a repéré une proie lui donne un regard. Elle me paraît moins étrangère que les autres insectes à cause de ça. Cette tache me rapproche d’elle.
Nous avons ce point commun. On se touche, nous avons une frontière commune. La tache dans les yeux des mantes établit un pont entre le monde des humains et celui des insectes. Voilà ce que j’aime. Le changement qui se produit dans mon cerveau quand il trouve un pont, un angle qui lui permet de passer de l’autre côté d’une frontière, quand il se reconnaît dans l’image, quand il arrive à se dire : c’est moi.
Ça le calme, ça l’intéresse quand mon cerveau se dit « C’est moi ». Il passe sur un autre mode que quand il ne se reconnaît pas. Et je préfère le mode sur lequel mon cerveau se met quand il se reconnaît. Je cherche à le faire passer sur ce mode là.