La métamorphose

La métamorphose. C’est le sujet qui me trotte dans la tête en ce moment. Pas celle des cloportes, quoi que, mais celle des criquets. Ils ravagent à nouveau l’est africain, une catastrophe. Mais c’est aussi, je pense, une bonne métaphore pour décrire l’état actuel du monde. Pas l’invasion des criquets, quoi que, mais bel et bien la métamorphose.

Imaginez que vous voyiez un papillon pour la première fois de votre vie. Vous me rencontrez, et vous me dites, c’est magnifique, cette chose, qu’est-ce que c’est ? C’est un papillon, ça sort de là, la chenille, dis-je en vous désignant une petite saucisse pleine de pattes et de poils qui rampe sur une feuille. Je ne doute pas que vous vous éloigneriez prudemment en vous disant celui-là, il a l’air gentil, mais avec les fous, on ne sait jamais. Un truc au vol aussi gracieux, délicat, plein de couleurs chatoyantes qui sort d’une petite merde rampante, bien sûr, tu as raison, mon ami. Comment pourrais-je vous en vouloir ?

Pour me croire, il faudrait que vous voyiez une chrysalide, mais non seulement que vous la voyiez, mais que vous puissiez suivre toutes les étapes, depuis la chenille qui s’accroche définitivement, jusqu’à la sortie du papillon qui sèche ses ailes au soleil. Alors seulement, vous me croirez. Et comme vous serez comme un gamin émerveillé par ce que vous venez de découvrir, vous me direz waouh, c’est incroyable ce truc, comment ça se fait ? Il se passe quoi dans la chrysalide ? Et là, je vous dirai, je ne sais pas, je suis comme toi, je ne vois pas ce qu’il se passe à l’intérieur de cette boîte noire.

Ma grosse angoisse est là, que se passe t-il à l’intérieur de cette boîte noire. Je vois l’état dans lequel nous nous trouvons et j’imagine à peu prés l’état que nous devrions atteindre, mais entre temps, pendant le passage de l’un à l’autre, dans la chrysalide, dans la boîte noire, il se passe quoi ? Est-ce que ça fait mal ? Est-ce que c’est agréable ? Ou est-ce que c’est comme dormir ? Comme un rêve ou un cauchemar? Je n’en sais rien. Et des boîtes noires comme celle là, il y en a plein. Les subprimes, le fonctionnement politique, etc… Ce sont ces boîtes noires qui favorisent les théories du complot, celles d’où sortent les vampires et pas les papillons.

Une réponse est un lieu dont nous connaissons le chemin d’accès. Mais on a beau connaître chaque virage, chaque croisement, chaque arbre au bord de la route, on ne peut pas pour autant la situer sur la carte.

Voilà pourquoi je ne réponds jamais directement aux questions qu’on me pose. Je préfère donner les coordonnées de ce point, comme un GPS le ferait. Comme lui, je trace des cercles, il en faut trois au moins. « Ta réponse se trouve dans ce cercle, ce cercle et ce cercle. Là d’après les données de la question que tu m’a posée. Rends toi à leur intersection et tu auras trouvé ta réponse ».

Ta réponse, pas la mienne. Ton chemin, pas le mien. Je te prends par la main, mais c’est toi qui me guide dans ce no man’s land qu’est la vie. Viens je t’emmène au pays des merveilles, celui où tous les rêves sont une solution à une équation.

Auteur : Thierry Milliere

Rêveur passionné de science qui s'acharne à croire que l'espèce humaine n'est ni pire ni meilleure qu'une autre.

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