Lorsque j’ai fait du saut en hauteur pour la première fois à l’école primaire, j’ai utilisé un pied pour prendre mon appel à mon premier saut, et l’autre au deuxième. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé. Et comme j’étais le seul dans ce cas, je n’ai pu parler de cette expérience à personne puisque personne n’avait eu la même. Depuis, je cherche des gens qui ont eux aussi vécu ça.
La semaine dernière, j’ai vu quelqu’un à qui c’est arrivé. Une concurrente du 110m haies aux championnats d’Europe d’athlétisme. Il y a eu un problème dans sa série, elle a dû recourir toute seule. Mais elle a eu un problème en arrivant sur la deuxième haie. Elle a vu qu’elle allait devoir utiliser son mauvais pied pour sauter. Elle en a donc changé en pleine course pour corriger.
Non seulement elle a passé la haie, mais elle n’a pas perdu de temps et elle a réalisé celui qu’elle devait faire pour se qualifier. Elle savait que quelque chose c’était passé, mais elle aurait été incapable de dire quoi. Elle a dû voir les images pour comprendre.
Elle ne contrôlait pas, son cerveau a corrigé tout seul, sans qu’elle sache comment. Comme si quelqu’un d’autre qu’elle avait pris le contrôle de son corps à ce moment là. « Moi » n’était pas là au moment où ça s’est passé, « moi » était ailleurs.
« Moi » était fixé sur son objectif, sur le futur, sur le temps à faire, Tandis que la résolution du problème s’est faite au présent. C’est la partie du cerveau en charge du présent qui a résolu le problème. Toute seule, sans que « moi » n’intervienne. Sans stress, ni effort, comme c’est le cas quand c’est « moi » qui résout le problème.
« Moi » ne peut qu’en déduire que le présent n’est pas son domaine de compétence, mais celui de l’autre partie du cerveau, celle ou « moi » n’est pas. Que « moi » devrait avoir confiance dans cette partie du cerveau pour ce qui concerne le présent, que « moi » ne devrait s’occuper que du futur et du passé, que « moi » empêche cette partie du cerveau de fonctionner quand « moi » se mêle du présent.
Que si le présent se trouve au milieu entre le passé et le futur, le meilleur moyen pour « moi » de l’atteindre n’est pas d’essayer de s’en rapprocher, mais au contraire de s’en éloigner le plus possible de chacun des deux côtés, futur et passé. Comme ça, « moi » comprend où est sa place.